Hanna, jeune fille seule et malheureuse, a l’habitude d’aller marcher loin dans les champs pour réfléchir.
Mais un jour, elle remarque, dans les champs, trois sentiers formés par les pas des gens qui marchent vers les trains.
Hommes, femmes enfants, convergent tous vers ces trains dans lesquels des hommes leur crient de monter très vite.
Devenue vieille, presque sans âge, Hanna raconte.
Elle raconte comment ces hommes, ces femmes, ces enfants, la voyant sur le bord du champ, lui ont laissé toutes sortes d’objets personnels en attendant de revenir les chercher.
Épingles, rubans, raphia, livres, boîtes, paquets et surtout, un flacon d’eau de pluie qu’un petit garçon lui a laissé jusqu’à son retour. L’eau de pluie qui tombait du toit de sa maison.
Hanna a tout gardé, elle a tout rangé dans sa maison et quand il n’y a plus eu de place, elle est allée dormir dehors.
Et puis un jour, il n’y a plus eu de gens qui passaient dans les champs et ceux qui lui avaient donné leurs objets ne sont pas revenus. Les objets se sont détériorés avec le temps, ils sont tombés en poussière sauf ce petit flacon de pluie qu’un petit garçon lui avait remis.
Sans jamais évoquer ou prononcer son nom,Marie-Noëlle Bordeaux, excellente comédienne de cette pièce de Daniel Keene, parle de la déportation, de toutes les déportations massives d’innocents que l’on a jamais revus.
Sur une mise en scène de Colette Froidefont, la pièce a été jouée à Saint Pantaly et Saint Sulpice d’Excideuil devant une centaine de personnes, toutes très émues par la prestation de la comédienne.
Une pièce volontairement jouée hors d’une scène traditionnelle, dans des petites salles, afin de se rapprocher du public. Les deux femmes ont ensuite lancé un débat sur le sujet de la pièce.
Elles ont choisi d’adapter au jeune public cette pièce difficile pour que le devoir de mémoire se perpétue avec les enfants de la nouvelle génération. Les enfants ont apprécié en discuter avec elles.