Ce spectacle a eu lieu dans la salle des fêtes de la commune de St Sulpice dans une configuration de salle inhabituelle puisque le public était placé de part et d’autre de la scène.
Cette disposition a permis d’instaurer une véritable intimité avec les comédiens.
La pièce traitait du Vaudeville classique, de la comédie de Boulevard, avec deux extraits d’œuvres de ce genre théâtral qui prit tout son sens guignolesque au XIXè siècle bien qu’existant depuis plus de quatre siècles.
Le premier extrait était tiré de la pièce de Georges Feydeau intitulée « On purge bébé », écrite en 1910.
Un couple, joué par Isabelle Gazonnois et Gilles Ruard, issu de la petite bourgeoisie s’enfonce, au gré des dialogues et des quiproquos, dans une incompréhension réciproque et délirante alors que Madame souhaitait, en premier lieu, informer son mari de l’état de santé de bébé.
La seconde pièce est extraite de l’œuvre de Georges Courteline intitulée « La peur des coups » écrite en 1894.
Un couple, issu cette fois de la grande bourgeoisie, rentre d’un bal au petit matin.
Une scène de ménage éclate entre les époux car Madame aurait fricoté avec un jeune soldat au cours de la soirée.
Entre les deux pièces, en guise d’entracte, les comédiens ont entonné « Je te veux », la valse chantée d’Erik Satie composée en 1910.
Le choix des pièces de ces deux écrivains n’a pas été fait au hasard.
Feydeau et Courteline incarnent à eux seuls le vaudeville classique qui dépeignait, il y a une centaine d’année, les travers de la société de l’époque.
La vie et les problèmes des couples modernes ne diffèrent pas beaucoup de ceux ayant vécu il y a cent ans.
Le public a passé un très agréable moment en compagnie de deux acteurs de talent.
Isabelle Gazonnois a séduit les fidèles du collectif des Voix de l’Hiver dans un registre comique.
Elle les avait déjà séduit la dernière saison dans une interprétation plus tragique lors de la représentation de « La prose du Transsibérien », spectacle qu’elle a créé et tiré du roman de Blaise Cendrars.
Gilles Ruard, quant à lui, a excellemment joué les maris, tantôt outré, tantôt de mauvaise voire de très mauvaise foi.
Le Vaudeville ne peut être véritablement apprécié que s’il est parfaitement joué : le ton, les mimiques, les répliques n’ont de profondeur et d’impact que s’ils sont fait avec brio et sincérité.
Isabelle Gazonnois et Gilles Ruard ont su faire passer ces sentiments et le couple de comédien va assurément très bien ensemble.