Dès que l’Allemagne eut envahi la Pologne le 1er septembre 1939, les murs de Strasbourg se couvrirent d’affiches donnant le signal de « l’évacuation » et indiquant les points de « recueil » où les Strasbourgeois et les habitants des communes environnantes devaient se rendre avec leurs papiers, peu de vivres et peu de bagages.
C’est là que des trains les attendaient pour les emmener vers le sud-ouest de la France, principalement la Dordogne.
La Dordogne, département peu peuplé -380 00 habitants-, vit alors arriver des 80 000 Alsaciens qu’il fallut loger dans les villes et dans les campagnes.
Langues, cultures, styles de vie, tout opposait les Alsaciens et les Périgourdins.
Les Alsaciens se retrouvaient en terre laïque, en pays de langue d’Oc, les Périgourdins s’étonnaient de cette langue qui ressemblait à l’Allemand et de cette étrange manie alsacienne de la propreté.
Après l’armistice de Juin 40, les Alsaciens furent invités à les Alsaciens furent invités à rejoindre l’Alsace, beaucoup d’entre eux quittèrent le Périgord pour retrouver une Alsace allemande.
Un certain nombre, ne supportant pas le bruit des bottes, revinrent en Périgord et participèrent activement à la Résistance.
Quelques uns y firent leur vie.
C’est sur cette tranche histoire que l’auteur, périgourdine d’origine, rencontre des alsaciens installés en Périgord, les enfants de ces Alsacien « évacués », lit de nombreux témoignages et voit se dessiner l’héroïne de son roman.
« Ce Matin la Neige » confronte deux monologues qui se suivent sans jamais se mêler, deux points de vue des mêmes évènements : l’évacuation des Alsaciens après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne.
On entend d’abord Anna, alsacienne, qui en 1939 avait 16
ans.
Puis Thomas, le fils des fermiers périgourdins qui ont accueilli la
famille d’Anna.
Ce matin, la Dordogne se réveille sous la neige… La guerre
est finie.
Mais de la blancheur ouatée de la neige surgissent les
images enfouies d’une mémoire douloureuse. Ces images
émergent par associations de sons, d’odeurs, de mots lus ou
entendus.
Anna puis Thomas racontent, se racontent.
Et en même temps qu’ils racontent, ils revivent les évènements pas à pas, de manière plus aiguë, plus présente, en y mettant du sens, comme
s’ils comprenaient soudain l’essence même de leur vie, de leur
histoire et donc de l’Histoire.
Mise en scène : Sylvie OLLIVIER
Avec Isabelle GARDIEN de la Comédie Française dans le rôle d’Anna et
Stéphane DELBASSÉ dans le rôle de Thomas.