Transférée à sa place actuelle (sur la Place Bugeaud) en 1913 après la destruction de deux îlots entiers du vieux bourg Saint Thomas, la Halle est le fruit de la démolition puis de la reconstruction pour partie de la Halle moderne élevée en 1870 sur la place du marché.
Cette édification faisait elle-même suite à la disparition récente, en 1868, d’une Halle du XVIè siècle, de sorte que trois Halles se succédèrent en moins de 50 années.
La Première, la Halle du Roi de Navarre, fut fondée le 10 avril 1536 par Henri de Navarre, grand-père du futur Henri IV.
Orientée nord-sud, son grand toit d’ardoise reposait sur trois rangées de huit piles carrées en pierre de taille.
« De largeur de trente piedz et de la longueur quatre vingtz piedz ou environ », elle abritait des mesures à blé creusées dans des blocs de pierre et des bancs où s’étalaient les marchandises des forains.
A l’étage se tenaient la maison auditoire et le Parquet de la Châtellenie, siège du juge seigneurial.
Condamnée à la destruction par le Conseil Municipal dès 1808, la « vieille Halle » ne doit son sursis momentané qu’à la conscience d’une partie de la population qui refusa de voir disparaître ses souvenirs et rappela que la Ville s’était engagée à entretenir perpetuellement le bâtiment lors de sa construction par le Roi en 1536.
Malheureusement, les travaux de réparations furent jugés trop coûteux et elle fut finalement démolie en 1868.
Sur son emplacement, en utilisant certainement ses fondations, une nouvelle Halle fut construite en 1870 selon les plans de l’architecte Dubert.
Mais sa position gênait l’installation des forains et son déplacement, envisagé dès 1902, à peine plus de trente après sa construction, fut réalisé en 1913.
Les différences entre la Halle de 1913 et celle de 1870 sont intéressantes. Plus qu’un déplacement, la Halle actuelle est le fruit d’une reconstruction qui fait certes une large place aux matériaux réemployés, pratique d’ailleurs séculaire en architecture, mais introduit également des novations majeures comme le remplacement de la charpente en bois par une charpente métallique.
Parmi les éléments réutilisés, comme les 18 colonnes et les garde-corps en fonte, le plus important est sans conteste le grand portail de pierre réalisé en 1870.
Légèrement modifié afin de s’adapter à la largeur de l’édifice, il porte les stigmates de son ancienne mise en œuvre et en ses pierres, la mémoire d’une construction éphémère.
Sources : Circuit de Découverte du Patrimoine - Luc Joudinaud, Jacqueline Desthomas, Pierre de la Héronnière.